12ème Congrès International de la SITP – Entièrement en ligne
Organisé par l’équipe professorale de l’Université Laval à Québec, et de l’Institut de pastorale des Dominicains à Montréal, Québec, Canada
En ligne
6 au 9 janvier 2021
Thème
Pratiques de libération et pratiques théologiques. Quelles articulations réciproques?
La théologie s’intéresse à toutes les pratiques qui concernent l’expérience humaine dans laquelle peut advenir le salut. La libération renvoie à l’expérience d’être délivré de la détresse, d’être tiré du danger ou encore extirpé d’un péril. Elle est associée à l’affranchissement de différentes formes d’entraves, à la protection des indigents, au rachat des prisonniers et des esclaves, à la guérison des malades et des souffrants, etc. La libération est donc étroitement concernée par les enjeux humanitaires, écologiques, économiques, sociaux, politiques ou religieux, par la violence sous toutes ses formes et dans tous contextes, par l’oppression et par l’exclusion, etc. La libération constitue l’une des aspirations humaines les plus profondes.
Dans la bible, l’œuvre de libération est explicitement associée à l’initiative et à l’intervention de Dieu dans la trame de l’histoire humaine. C’est lui qui libère, qui arrache, rachète, affranchit, rétablit ou encore qui fait sortir. Hier comme aujourd’hui, l’élaboration du discours théologique s’appuyant sur l’interprétation d’expériences de la libération demande un travail théologique soigné et délicat puisque le salut ne peut qu’être entrevu après coup, perçu comme dans une nuée et surtout espéré. « Le salut est le mot-clé du message religieux : qui le comprend autour de nous, voire même parmi les croyants? Fatalement, si on en exclut les si nombreuses réalités du « monde » qui préoccupent la masse des gens, sous prétexte qu’il n’y est pas question de Dieu ou que cela est sans rapport avec l’éternité (mais qu’en sait-on ?), on vide le mot salut de toute signification pour eux, et alors on ne doit pas s’étonner que le langage de la foi soulève si peu d’intérêt. Que manque-t-il à ce langage pour être intelligible ? […] il lui manque un peu de chair, il lui manque la pensée du monde. »
L’Amérique latine a développé de manière originale et ce, depuis plusieurs décennies, un véritable courant théologique fondé sur la libération. À partir de la théologie de la libération, d’autres courants ont pu voir le jour au sein de la théologie contemporaine. Pensons simplement ici aux courants de la théologie féministe, de la black theology ou encore de la théologie écologique pour ne nommer que ceux-ci.
Ce congrès s’intéressera d’abord aux différentes pratiques de libération, c’est-à-dire aux pratiques où l’on trouve des instances de libération (des personnes qui libèrent et des moments de salut).
L’interprétation théologique de pratiques de libération est concernée et mobilisée par nombreux enjeux déterminants :
Des enjeux situationnels et contextuels:
- Comment la personne théologienne est-elle inscrite elle-même dans les pratique qu’elle étudie ?
- Dans quels lieux et situations de libération êtes-vous engagé(e) ?
- Qui sont les porteurs et les porteuses de la libération pour les pratiques étudiées ?
- Quelles sont les différentes transformations, modalités et actions par lesquelles la libération advient?
- Quels sont les obstacles, les résistances et les entraves aux processus et aux pratiques de libération?
Des enjeux dynamiques :
- Comment la libération est-elle opérante dans les contextes contemporains?
- Quelles sont les visées de la libération observée?
- Quels sont les résultats perceptibles de la libération?
- Quels sont les différentes dimensions et les différents plans qui sont influencés et transformés simultanément par des pratiques libération?
Des enjeux d’interprétations théologiques :
- Comment un regard neuf sur les pratiques de libération peut contribuer à exprimer pour aujourd’hui le mystère du salut?
- Quelles sont les théologies qui peuvent émerger de l’interprétation des pratiques de libération ?
- Quelles sont les transactions entre pratiques et théologies qui permettent à l’une et à l’autre d’être ressaisies et transformées?
- Comment la personne théologienne est-elle elle-même réinterprétée par le discours et les pratiques de libération ?
C’est à ces questions et à bien d’autres que ce congrès s’intéressera.
Elaine Champagne – Professeure – Université Laval – Québec
À la fin de ce congrès très riche et particulièrement stimulant, trois points retiennent spécialement mon attention. Je les annonce d’emblée : l’ambivalence des gestes, l’ambivalence des paroles, et un appel au prophétisme et à la conversion.
1 — AMBIVALENCE ET COMPLEXITÉ DES GESTES
D’entrée de jeu, la première conférence du congrès, celle de notre président, Jean-Patrick Nkolo Fanga, mais aussi l’une des dernières communications que j’ai entendues, celle de Simon Lepage Fournier, ont mis en relief l’ambivalence et la complexité des gestes issus de certaines pratiques à visée pastorale. Nous pouvons considérer l’imposition des mains reçue par de grandes foules ou la vente de produits équitables organisée par une communauté paroissiale, comme des gestes auxquels des pasteurs ou des intervenants attribuent une portée théologique. En amont, la reconnaissance d’une situation de mal-être, d’injustice, ou de dérèglement, peu importe le contexte, incite à poser un geste de libération. Or ce même geste peut paradoxalement enfermer. Par exemple, une communauté qui se limiterait à « vendre des produits » pourrait oublier les profondes transformations structurelles qui sont nécessaires à l’établissement d’une économie équitable à plus grande échelle. De même, les personnes qui se focalisent sur la matérialité du geste de l’imposition des mains plutôt que sur son sens et sa portée rituelle peuvent s’enfermer dans des perceptions de magie. Dans les deux cas, il y a glissement vers une centration sur le geste et perte de sens. Quel est le sens escompté d’un geste ? Quel est le sens interprété par ceux qui le vivent ? À quoi répondent ces gestes ?
Dans le même ordre d’idées, Michel Bationo dénonçait des gestes qui enferment en parlant du refus du baptême à des femmes qui vivent des situations conjugales irrégulières. Certains gestes sont performatifs, porteurs de sens. Selon leur interprétation, ils peuvent libérer, ou fermer l’accès au sens. À chaque fois, ils ont une portée relationnelle. Sylvie Barth a justement rappelé cette dimension relationnelle et avec elle l’importance de la communication comme facteur de libération et de croissance.
2 — AMBIVALENCE ET COMPLEXITÉ DE LA PAROLE
Au sujet de la parole, j’ai pu entendre François-Xavier Amherdt et Christophe Singer s’intéresser à la prédication. Encore ici, je relève une certaine ambivalence et complexité. Un premier point : l’analyse fine de l’articulation entre prédication, prédicat et auditeur fait porter l’attention sur la circulation de la parole. Cette structure m’a permis d’éclairer une proposition qui m’a particulièrement interpelée, présentée par Christophe. Lors même que le prédicateur exprime son désir d’accueil et d’inclusion à un auditoire diversifié, il arrive étonnamment que le prédicat, la parole de la prédication, exclue l’auditeur de la Parole. Dans le parcours « intérieur » offert par la prédication et qui nous permet d’entrer dans la Parole, un déplacement soudain du prédicateur de ce parcours, par souci d’inclusion de personnes aux opinions ou aux postures différentes ou divergentes, peut parfois provoquer chez l’auditeur une sorte d’expulsion de la Parole. Le « détour » rhétorique du prédicateur peut interférer avec l’expérience de la Parole. Cette possibilité qu’une parole qui vise l’inclusion puisse susciter l’exclusion ne m’était jamais apparue de cette façon. Quelles sont ses implications pour d’autres pratiques pastorales qui engagent la parole et la Parole?
3 — APPEL AU PROPHÉTISME ET À LA CONVERSION
Il est rare que, dans un congrès, retentisse aussi nettement un appel au prophétisme et à la conversion. Je présente ce troisième point en deux volets.
J’entends d’abord, comme chrétienne autant que comme théologienne, un appel à la transformation de notre regard sur l’humain. Frédéric Lusignan nous invitait à reconnaître les autistes non plus à partir de critères d’exclusion qui qualifient leur état de maladie ou de trouble, mais simplement comme des personnes différentes, qui perçoivent le monde et s’expriment autrement. Talitha Cooreman-Guittin nous parlait de personnes qui vivent avec des démences, et nous invitait à envisager d’abord leurs capacités plutôt que leurs pertes. Il s’agit donc de reconnaître le vivant chez les vivants. Catherine Chevalier et Myriam Gosseye nous ont finalement appelés avec beaucoup de profondeur à revisiter nos anthropologies. Il s’agit non seulement de considérer chaque personne ou groupe de personnes avec un autre regard, mais surtout de renouveler notre manière de concevoir ce que c’est qu’être humain, à partir de l’intégration de notre vulnérabilité ontologique – celle que nous partageons avec chacun de nos frères et sœurs en humanité, peu importe les situations de vulnérabilité accidentelle qui nous distinguent. Reconnaître une vulnérabilité partagée ne vise aucunement à uniformiser ou à banaliser la voix des souffrants. Il s’agit au contraire d’assumer solidairement le réel que nous partageons. Ceci suppose d’accueillir la différence, de reconnaître les lieux d’injustice et de transformer tant nos visions anthropologiques que nos pratiques concrètes.
Ensuite, si nos théologies nous provoquent à convertir nos anthropologies, la réciproque est également vraie. Je ressors de ce congrès avec cet appel à poursuivre la conversion de nos théologies — et de nos théologies pratiques, en vue de pratiques plus libératrices. Isabelle Morel a insisté sur la nécessité de revisiter nos théologies de la création et de l’eschatologie à partir des requêtes des milieux et des ressources de la Tradition. Henri Deroitte nous a enjoint au prophétisme et à la conversion, des tâches incontournables de la théologie pratique aujourd’hui. Il nous a convoqué également à pratiquer un libérationnisme théologique coextensif à notre mission prophétique de chrétiens. À ce titre, j’ai beaucoup aimé la formule de Talitha qui proposait d’envisager des théologies capacitantes. Il s’agit de se distancier de théologies qui risqueraient une certaine condescendance par rapport à des gens qui auraient « besoin » d’être sauvés, et de s’engager plutôt dans des théologies qui intègrent la complexité de l’humain en vue d’un advenir partagé et qui savent élargir et approfondir notre regard sur Dieu. Cette conversion incessante suppose des recadrages interprétatifs et pratiques. Je crois que Enrico Benedetto nous a montré avec beaucoup de vérité une situation où cette revisitation d’une pratique devenait nécessaire pour envisager autrement gestes et paroles, conception des humains et conception de Dieu. Les travaux nécessaires à cette fin ne sont ni esthétiques ni accessoires. Ils participent à de profondes conversions, à nous laisser évangéliser avec les autres. La tâche est lourde, elle est grande, mais elle est certainement stimulante.
J’entends dans cet ensemble de réflexions un appel vivifiant à « rendre compte de l’espérance qui est en nous » ! (1P 3, 15)
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Heriberto Cabrera Reyes – Professeur – Universidad Católica Silva Henríquez – Chili
Je voudrais répondre au défi d´une synthèse personnelle à partir de ma participation aux conférences et aux ateliers du Congrès de la SITP 2021. On m´a suggéré de choisir quelques idées importantes pour ce début d´année.
Mais avant tout un grand merci à tous et à toutes, de manière particulière aux intervenants et organisateurs, nous savons tous combien préparer un exposé demande du temps et de l’énergie. C´est un service que vous rendez et qui nous enrichit tous.
Avec étonnement, je constate que je suis peut-être un des rares sud-américains présents, j´ose espérer que nous ne sommes pas une espèce en voie de disparition, ni une espèce protégée non plus, autant parce que je suis prêtre catholique et parce que je fais de la théologie pratique… ceci-dit, afin d’ajouter une touche d´humour, comme a dit je crois Robert Mager : « pour relativiser l’apparent dureté du moment que nous vivons comme Eglise et société ».
En premier lieu je voudrais revenir sur la conversion. Celle-ci semble être chemin, visage, dimension de libération… Dans la conversion, il s´agit de ce travail réalisé chaque fois que nous acceptons de nous exposer, de travailler sur nos convictions et préjugés. Dans ce chemin de travail théologique, il y a toujours le risque de construire une théologie selon une épistémologie de type positiviste.
Le chemin de conversion peut prendre la forme d’une sorte de renoncement à tout maîtriser, notamment le processus de libération des personnes et des résultats. Accepter la dé-maîtrise, comme l´a rappelé Henri Derroitte.
A ce propos, l´expression du Pape François qui dit que le temps est supérieur à l´espace, prend tout son sens. Comme dit Evangelii Gaudium :
223. “Ce principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité.”
Encore à propos de la conversion personnelle, j’ai retenu que l’homélie peut être comprise comme témoignage de conversion personnelle nous disait François-Xavier. Il ne faut pas utiliser la pseudo-humilité comme excuse de la médiocrité, ni négliger, comme l’a rappelé Talitha Cooreman-Guittin, en prolongeant une question de Christophe Singer, l´importance d’accepter sincèrement nos fragilités et vulnérabilités. Celle-ci peuvent prendre la forme du péché comme rappelait Christophe Singer, une sorte de «handicap» et vulnérabilité dans laquelle nous pouvons tous nous reconnaître. Mais, quel péché ? Le péché comme rupture de relation, selon Paul Ricoeur, nous disait Gabriel Monet, et dans ce sens, ce qui est en jeu c´est notre foi. Sr Honorine nous proposait même de prier pour la conversion.
La fragilité et la vulnérabilité, dans notre manière de faire de la théologie, a été à mon avis excellement présentée par Joël Molinario, qui nous rappelait l’évolution du magistère par rapport aux droits de l´homme. Cette fragilité dans la manière de faire théologie a été aussi brillamment exposée par Arnaud Join-Lambert et Geoffray Legrand, quand ils nous ont expliqué le chemin et l´évolution épistémologique et méthodologique en Théologie pratique… comme quoi faire de la théologie oblige celle-ci à avancer. Rien ne semble acquis pour toujours… sauf Dieu. Se remettre en question est une voie qui peut déranger une certaine dogmatique et peut la pousser à se retrancher dans ses certitudes. Mais d’autre part, elle rend tellement passionnant et pertinente l’aventure qui consiste à continuer à faire de la Théologie pratique, qu´elle inspire un agir et une parole plus chrétienne et évangélique.
Nous sommes invités à accepter cette fragilité parce que nous nous reconnaissons en chemin, devant un monde et de personnes qui partagent, d´une manière ou d’autre, la même vulnérabilité. Et cela a beaucoup de sens en cette période de pandémie et de « estallido social » au Chili, dans une Église profondément humiliée.
Enfin, il y une grande espérance, parce que ce que nous contribuons, d´une manière ou autre manière, à la gloire de Dieu, et je rends grâce à Dieu pour ce que vous apportez à ceux qui sont proches de vous, notamment en cette période de crise, car certainement vous, et peut-être aussi moi, sommes des témoins, des disciples qui ont renoncé à rester à la surface de la réalité, en prenant distance avant de plonger, là où parfois l´unique certitude est que nous ne sommes pas seuls.
Je termine avec ce beau texte à la communauté de Philippiens (1, 1.3.6) :
“Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous ceux qui sont sanctifiés dans le Christ Jésus et habitent à Philippes, ainsi qu’aux responsables et aux ministres de l’Église. Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous. J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus”.
Voilà, c’est ce que j’ai retenu de cette rencontre.
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Sœur Honorine NGONO
La cérémonie d’ouverture du 6 janvier 2021 a été ponctuée par deux interventions : celle de Jean Patrick NKOLO FANGA, Président de la SITP, sur « la prière avec imposition des mains, une pratique de délivrance ou d’aliénation ? » et celle d’Henri DERROITTE, Responsable de la SITP, avec pour thème : « la théologie pratique catholique d’Europe occidentale a-t-elle oublié d’être « libérationniste » ?
Dans son mot d’introduction, le Président Jean Patrick NKOLO FANGA a donné des réponses bien précises sur les questions concernant la pratique de l’imposition des mains. Parlant d’Henri DERROITTE, il s’est attardé sur une question fondamentale : la théologie pratique d’Europe occidentale a-t-elle oublié d’être « libérationniste » ou de s’émanciper ?
Après cette cérémonie d’ouverture, les participants ont suivi d’autres conférences dans divers ateliers. Nous avons particulièrement présidé l’atelier n° 4 qui a réfléchi sur le thème « libération et transformation ». Deux idées de deux intervenants, à savoir, Robert MAGER et Matthieu TCHYOMBO ont émergé :
1° Un prédicateur libéré libère la Parole de Dieu.
2° La guérison des malades pratiquée dans les Eglises n’est pas une question mercantile, mais elle répond à un besoin d’Evangile où Jésus accompagne la libération physique et spirituelle.
Le 7 janvier 2021, les conférenciers ont, en plénière, planché sur « libération et environnement ». Nous notons que nous devons promouvoir des pratiques pour protéger notre environnement. Par exemple, nous tourner vers l’utilisation des énergies vertes et éviter le gaspillage.
Dans le cadre des conférences en ateliers qui portaient sur le thème « Libération de l’humain », Charles ATKINS nous a présenté l’expérience enrichissante faite avec le monde carcéral. Dieudonné MUSHIPU MBOMBO a insisté pour sa part sur le fait de libérer non seulement l’homme mais aussi la création. La spiritualité de la création est en effet d’une importance capitale dans cette libération.
Le 8 janvier 2021, le thème principal des intervenants en plénière portait sur « Libération et Enjeux de Santé ». Nous retenons que pour s’accomplir, l’être humain doit pouvoir sortir de son enfermement en regardant en face ses limites et ses fragilités.
Les deux conférenciers en atelier : Honorine NGONO et Hervé NDJILO KUATE, se sont penchés sur le thème « Libération et Justice Sociale ». Le premier conférencier a montré l’apport de la Théologie sociale de Mgr Jean ZOA dans le combat pour faire advenir le Règne de Dieu. Le deuxième nous a légué un slogan de Mgr Jean ZOA : « Le bonheur du baptisé consiste à partager. Or, pour partager, il faut avoir. Pour avoir, il faut produire abondamment. Pour produire abondamment, il faut travailler rationnellement. Pour travailler rationnellement, il faut s’organiser solidairement » (Cf. ZOA JEAN, Homélie de Noel, 1995.).
Le 9 janvier 2021, la conférence en plénière avait pour sujet « Libération et arts ». David Csinos a montré comment les spectacles son et lumière contribuent à la vie spirituelle et religieuse du grand public. C’est le cas par exemple de la prédication. Au Cameroun, c’est une expérience que nous vivons chaque fin d’année au stade Omnisport de Yaoundé. Un prêtre de l’Eglise catholique organise un temps d’enseignement et de prière pour les fidèles pendant les trois derniers jours de décembre. Des milliers des fidèles viennent vivre ce temps intense de vie spirituelle.
En définitive, ce Congrès a révélé que la libération non seulement concerne tous les domaines mais aussi constitue l’une des aspirations humaines les plus profondes. En outre, la conversion est une voie importante dans le processus de libération car elle nous conduit à un véritable examen de conscience et permet à chacun de mesurer sa part de responsabilité dans toute situation douloureuse qu’il lui est donné de vivre.
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Michele Roselli – Doctorant – Université Laval – Canada
Les organisateurs du Congrès m’ont demandé de d’exprimer quelques mots de « relecture » des jours, des idées et des relations que nous avons partagés, en mettant en évidence deux ou trois intuitions qui fonctionnent comme de phares qui peuvent illuminer l’intelligence (de la) pratique et donner le gout d’aller plus loin.
Je le ferai, évidemment, à partir de mon point de vue, celle d’un néophyte : c’est mon premier Congrès et je fais mes premiers pas dans le domaine de la théologie pratique. J’organise mes idées autour de trois points et une suggestion.
1. Libération : de quoi l’on parle ? L’écoute des diverses interventions, le partage après les conférences et pendant les ateliers, la résonnance dans des pratiques que j’observe et que je vis, m’ont convaincu de l’importance de tenir ouverte la question.
On peut formuler cette question de fond de différentes manières : la notion de libération est universelle, incontestable ? En quel sens ? Comment annoncer/témoigner la libération dans nos sociétés (et Églises) sécularisées, post-morales ? L’annonce de l’Évangile est-elle destinée seulement à ceux qui ont besoin d’être libérés ? N’y a-t-il pas de gens qui sont heureux dans leur peau, même sans Dieu? Ne risquons pas, parfois, de transformer le « message » évangélique à un « massage »?
L’investigation du Congrès a ouvert beaucoup de pistes très intéressantes et a stimulé à poursuivre la réflexion pratique.
Tenir ouverte la question sur la notion de libération signifie être conscient qu’il ne s’agit pas uniquement d’une question de revêtement linguistique superficiel, mais plutôt d’un «processus» et que cette notion n’est pas définie « une fois pour toute », ni « une fois pour tous ». Elle demande d’être re-comprise, réinterprétée et re-dite en préservant la complexité des différents éléments qui sont en jeu.
Or, préserver la complexité et l’honorer demande non seulement de faire la liste des différents éléments (théologique, anthropologique, social, psychologique, etc.) mais aussi, et en même temps, mettre en évidence les relations mutuelles entre ces niveaux.
En d’autres termes, re-comprendre, réinterpréter et redire la libération demande, entre les autres, quelques attentions.
• Tenir en compte du fait que ce regard « sotériologique » n’est qu’une manière d’observer le mystère chrétien. Pour le dire avec les mots que Talitha Cooreman-Guittin a utilisés pendant sa conférence, ce n’est que l’un des «cadres» à partir desquels on peut exprimer l’expérience du Christianisme. D’autres cadres – complémentaires – sont possibles. Le théologien italien Natale Bussi soutenait, par exemple, qu’il est également possible de décrire le Christianisme en mettant en évidence sa structure « dialogique (relationnelle) », « christique », « ecclésiale », « agapica » et « eschatologique ». •
• Comprendre/décrire la libération non seulement à partir de nous, mais aussi à partir des autres, en permettent à chacun de dire « en quoi » et « comment » il se sent sauvé, et « en quoi » et « comment » cette expérience de libération est liée à sa manière de se dire croyant.
2. Pratique de libération et réciprocité Je retiens l’importance d’interrompre une compréhension unilatérale des dynamiques de libération et de valoriser la réciprocité et la symétrie. En ce sens, la libération est « hospitalière » dans le sens de ce terme que met en lumière Christoph Théobald.
C’est pourquoi il faudrait peut-être montrer davantage, dans les pratiques de libération, le coté passif : on est continuellement libéré, on est continuellement destinataires de la libération. La libération est un don à reconnaitre (en soi et dans les autres) avant d’être tâche à accomplir ; don qu’on reçoit de Dieu et des autres, de Dieu et par/à travers les autres.
Il s’agit aussi de reconnaitre la dynamique « triangulaire » des pratiques de libération. Elles concernent toujours : Dieu, nous et les autres. Cette dynamique « triangulaire » nous évite le risque d’une quelconque « dualité » fusionnelle ou de « domination-sur » / « soumission-à » l’autre. Elle remet en première place l’initiative de Dieu (qui est à l’œuvre simultanément en chacun : en nous et dans les autres) et nous demande de nous mettre au service de cette initiative de grâce : pour la reconnaitre (dans notre vie et dans la vie de chacun) et la seconder.
3. La mission de l’Église et la libération dans le champ de la relation avec l’Autre (qu’est Dieu) et avec les autres:
Ce thème invite à re-comprendre la notion et les pratiques de libération non seulement dans une perspective morale, mais surtout dans une perspective relationnelle et place la dynamique évangélisatrice dans le champ de la rencontre et du dialogue.
Une suggestion pour ouvrir…
Je pense qu’explorer le thème du congres au miroir de la pandémie peut ouvrir vers quelques suggestions.
La pandémie révèle, dans notre manière de vivre, une fragilité et une vulnérabilité qui nous met tous sur le même plan et dévoile « l’illusion d’être sains dans une monde malade » (Pape François), même si l’on ne le reconnait pas toujours. Dorénavant, nous ne serons tous que « des guéris » (cf. S. Morra). La pandémie impose la vérité de ce que le Pape répète très souvent : « personne ne peut pas se sauver tout seul ». Cette vérité est un savoir pratique, un présupposé implicite qui conditionne chaque geste et chaque choix, un savoir qui passe par le corps et entre les corps, façonne les distances et la proximité, transforme les relations et défie l’intelligence.
COLLOQUE REGIONAL AFRIQUE SITP – 2019
Yaoundé, Cameroun
10 au 13 juillet 2019
Thème
Église et bien-être partagé en Afrique
- L’axe socio-économique (réservé aux spécialistes des sciences sociales) : quelle est la situation socio-économique actuelle des pays d’Afrique ? Quels sont les critères et les exigences du développement des pays d’Afrique ? Quel est le poids sociologique des Églises et quel est leur impact sur les populations d’Afrique.
- L’axe pratique : quelles sont les initiatives déjà engagées par les Églises d’Afrique ou d’ailleurs pour le développement ou le bien-être commun et quelle évaluation pourrait-on en faire ? Quelles pratiques d’Églises pour quelle société en vue du bien-être partagé ? Comment est-ce que les Églises d’Afrique pourraient-elles influencer les gouvernants et les autres acteurs de la société pour rendre concret le bien-être partagé ?
- L’axe fondamental : quel est le rapport de l’Église au bien-être d’une nation ? Que peuvent apporter les théologiens d’Afrique au bien-être de l’Afrique ? Quels sont les référents théologiques et bibliques d’une réflexion sur la question ?
- Le développement d’un être humain, d’une société, peut-il se décréter de l’extérieur ?
- Être développé est-il nécessairement la condition sine qua none pour le bien-être ?
- Quelles sont les ressources dont dispose l’Église en Afrique pour un développement autre ?
- Cet autre développement autre est-il possible ?
- Quelles sont les possibilités pour les sociétés africaines de promotion de bien-être partagé ?
- Comment situer théologiquement la dépendance économique des Églises d’Afrique à l’égard des fidèles ?
- Quelles peuvent être des actions justes et prophétiques de la part de l’Église en face d’un régime dictatorial qui affame et opprime le peuple, pille les ressources ou richesses du pays, tout en voulant s’éterniser au pouvoir ?
- Qu’est-ce qui fait du capital social qu’il soit chrétien ?
- Dans ce qui a été proposé comme pistes pour veiller au bien-être des agents pastoraux, y a-t-il une qui vous paraît pertinente dans votre contexte ?
- Identifier des dynamiques hospitalières dans nos communautés. Qu’est-ce que l’Amérique du Nord doit savoir sur les pratiques religieuses et la foi des africains qui y immigrent afin d’améliorer le vivre ensemble dans l’Église ?
- La vision d’un initiateur d’un projet de développement peut-elle être partagée par tous les fidèles ? Pourquoi ?
- Êtes-vous d’accord avec Jean Marc Ela lorsqu’il nous demande à nous africains à avoir une nouvelle approche de l’argent, du temps, du travail, de la production et de l’échange ? Si oui, quelle pourrait être cette approche selon vous ?
- Quelles leçons tirer des pratiques d’Églises dans la quête de la promotion du bien-être partagé en Afrique?
En gros, on pourrait dire sans risque de se tromper que les différentes interventions du présent Colloque, en dépit de la diversité de leurs approches et de leurs angles de vue, portèrent sur « le bien-être vécu et partagé en Afrique ». Il en est résulté, de l’avis de presque tous, que le bien-être ne se réduit pas à l’acquisition des biens matériels. Il doit par ailleurs privilégier la part et la place de l’homme. C’est dire autrement que le bien-être doit aussi prendre en ligne de compte tous les autres aspects de la vie humaine (la paix avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec soi-même).
La mise en commun du dernier jour, le samedi matin, a donné aux trois groupes de travail le temps de partager le fruit de leurs réflexions. Nous pouvons en retenir quelques points saillants, autour des pratiques à développer et des principes à adopter par les Églises d’Afrique pour la promotion d’un bien-être partagé.
Favoriser tout ce qui va contribuer à développer la diaconie, la solidarité, l’entraide au sein des communautés, la pratique de la charité, la dignité de la personne humaine. En d’autres termes, sans négliger la dimension spirituelle du « bien-être » partagé, se préoccuper de sa dimension matérielle.
Cette orientation est à déployer dans toutes les dimensions de la pastorale : il s’agit de développer une catéchèse, une prédication qui réponde à cette orientation diaconale, d’inviter à la mise en pratique de la Parole de Dieu, de le prôner par l’exemple, par la simplicité de vie. C’est dire autrement que la prédication soit traduite dans les actes.
Il importe cependant de rester pragmatique et de s’appuyer sur ses ressources propres, à savoir les ressources humaines, culturelles, économiques. Dans cette même perspective pragmatique, il est essentiel de s’appuyer sur une approche empirique, selon les méthodes de la théologie pratique, pour déployer une pastorale efficace.
Avoir une bonne gestion des ressources humaines – développer une culture ecclésiale où on prend soin les uns des autres s’inscrit dans la même ligne.
L’expérience œcuménique du colloque invite à poursuivre des collaborations interconfessionnelles dans la réflexion mais également pour répondre sur le terrain aux défis bien concrets de la promotion du bien-être partagé.
11e Congrès international
de la SITP
Fribourg, Suisse
30 mai au 3 juin 2018
Thème
Tout, tout de suite. Parole de Dieu et médiations chrétiennes dans une culture de l’immédiateté
Dans un questionnement pratique, nous proposerons des analyses fondées sur des pratiques actuelles de médiations de la Parole et de la foi de différents ordres (pastorales, spirituelles, sociales), dans leurs dimensions interpersonnelles, communautaires, ecclésiales, oecuméniques et missiologiques. En quoi les médiations retenues sont-elles des ouvertures à la Transcendance et à la Parole ? Quelles médiations laissent-elles parler Dieu, lui permettent-elles « d’en placer une » ? Quelles autres, au contraire, lui font plutôt obstacle ? Quelles sont les ressources actuelles pour dire la foi et la Parole.
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D’un point de vue plus fondamental et théologique, nous présenterons des réflexions sur le statut de la Parole de Dieu, sur sa performativité aujourd’hui et sur la pertinence de ses divers langages. À quoi sert-il de lire la Parole de Dieu aujourd’hui ? Comment rendre les différents langages de la Parole féconds les uns par rapport aux autres ?
Comme la célébration catholique de la Fête Dieu (fête du saint sacrement et de l’eucharistie), avec ses différents langages, tombe le 2e jour du Congrès, nous inviterons tous les participant(e)s à y prendre part (le jeudi matin 31 mai), en guise d’immersion dans une pratique en direct. Nous en ferons, l’après-midi, une relecture de manière oecuménique. Puis nous nous proposons d’offrir ce même jour plusieurs mises en oeuvre de pratiques et de médiations multiculturelles (de la Parole et des sacrements) à travers les continents représentés à la SITP.
Au plan méthodologique, nous commencerons par nous interroger sociologiquement sur les enjeux de la transmission dans une société de l’immédiateté et sur la performativité des médiations pastorales et ecclésiales (mercredi). Puis, après les expériences du jeudi, nous procéderons à des allers et retours inductifs / déductifs entre la relecture des pratiques de médiations et leurs incidences en théologie pratique (vendredi et samedi). De façon régulière, après chaque demi-journée et chaque salve d’ateliers, nous tenterons des synthèses intermédiaires et une conclusion le dimanche après-midi, destinées à dégager quelques pistes prospectives prioritaires.
1. Le jeudi, il s’agirait de proposer des expériences de mises en oeuvre (20 minutes) dans différentes régions du monde (à visionner en vidéo ou à réaliser sur place), articulant une série de langages (comme la Fête Dieu le matin).
2. Le vendredi après-midi et le samedi après-midi, les ateliers de travail regrouperaient 3 à 4 petites présentations (de 15 à 20 minutes chacune), groupées selon leurs modalités, élargies ensuite par un échange avec les participant(e)s en vue de construire un discours de théologie pratique sur le sujet abordé.
3. Quant au mercredi et dimanche après-midi et aux deux matinées du vendredi et samedi, elles permettront de traiter les axes sociologique et théologique des médiations de la Parole dans notre société de l’immédiateté, sous forme de conférences (30 à 35 minutes) suivies d’une interaction entre les intervenants et la salle / les participants.
Tel que suggéré dans l’élaboration de la problématique, il est privilégié un style de congrès d’une facture différente des précédents en variant les types de communication. La matinée permettrait de couvrir les trois axes énoncés: pratique, théorique et méthodologique soit sous forme de conférences ou de tables rondes (environ 1 heure) pour ensuite ouvrir un dialogue avec l’assemblée par des « buzz » suivis de remontées qui donneraient éventuellement la parole aux présentatrices ou
présentateurs.
Les après-midi seraient consacrés à des ateliers de travail : une brève présentation sur l’un des axes (20-25 minutes) par une ou deux personnes sollicitant, par la suite, les participants-tes de contribuer à élargir la thématique par des apports diversifiés en vue de construire un discours de théologie pratique sur le sujet abordé.
La Faculté de théologie (fondée en 1890) est la plus ancienne des cinq Facultés de l’Université d’État, elle aussi complètement bilingue, qui compte plus de 10’000 étudiants, soit une proportion impressionnante par rapport à la taille de la cité (35’000 habitants). La Faculté est confiée à l’ordre des frères prêcheurs (10 professeurs sur 20) et elle est régie par une convention entre le Général des dominicains, la Conférence des évêques suisse et l’État de Fribourg. Elle compte environ 400 étudiants, dont près de 160 doctorants. Ses pôles principaux de recherche et d’excellence se situent dans la critique textuelle de la Bible, la théologie dominicaine, le dialogue oecuménique (notamment avec les orthodoxes) et interreligieux (avec le Centre suisse Islam et société) et le Centre d’études pastorales et liturgiques comparées (entre les trois aires linguistiques de pays). Elle forme l’ensemble des agents pastoraux laïcs (à plein temps), diacres et prêtres des diocèses de Suisse romande (et quelques-uns des diocèses alémaniques), ainsi que de nombreux religieux(ses) des congrégations ayant une maison de formation dans la ville et de nombreuses personnes laïques intéressées, menant une quête de sens existentiel et spirituel. Elle comporte deux voies d’études : en théologie et en étude du christianisme et des religions. Elle permet toutes sortes de combinaisons avec des domaines d’études des autres Facultés. Voir site : http://www3.unifr.ch/home/fr/.
Le lieu d’hébergement, « Domaine Notre-Dame de la Route » à Villars-sur-Glâne (à 5 minutes en bus du site de l’Université Miséricorde, voir le descriptif en pièce jointe) est une maison de formation et de retraites jésuite, désormais confiée à une association privée. Elle bénéficie d’un superbe jardin, de grandes possibilités de promenades et d’une chapelle « originale ». Elle est donc d’une conception un peu « ancienne », mais les chambres et les locaux viennent d’être refaits à neuf. Voir site : http ://www.domaine-ndr.ch.
- Les propositions de contributions à envoyer avant le 30 septembre 2017.
- La confirmation des contributions retenues est prévue pour la mi-novembre 2017.
- Le programme définitif et les formulaires d’inscriptions seront disponibles sur le site de la SITP dès février 2018.
Ce que j’ai retiré de ces journées de congrès
Elisabeth Parmentier
Dans le cadre champêtre jouxtant la ville de Fribourg, la maison Notre-Dame de la Route a offert un environnement idéal à la réflexion et à la rencontre des théologien-ne-s pratiques de différents continents et contextes culturels.
L’organisation en réunions plénières sous forme de partages d’expérience ou de conférences et l’alternance, par demi-journées, avec trois séries de trois ateliers en parallèle paraissait au départ extrêmement dense et risquait de mener à une juxtaposition d’exposés confinés chacun dans son propre univers de pensée. Or il n’en fut rien !. J’ai été surprise de constater que malgré la diversité des présentations et de leur angle d’analyse et d’approche, il n’en a pas résulté un émiettement de la problématique, mais plutôt un renforcement constant des difficultés du sujet.Ces approches diversifiées n’ont pas constitué simplement un jeu intellectuel, mais m’ont vraiment permis de comprendre où se situe la difficulté de la TP aujourd’hui.
Le thème, bien défini dans le sous-titre « Parole de Dieu et médiations chrétiennes dans une culture de l’immédiateté » me paraissait de l’ordre de l’évidence pour notre discipline, puisque nous sommes en permanence taraudés par la question de la meilleure manière de faire partager l’expérience d’un Dieu qui se révèle à l’humain à travers les réalités de son humanité et de sa finitude. Donc : comment le faire pressentir ?Mais j’ai réalisé grâce à ce Congrès, que trois niveaux de profondeur se superposent, et que l’on risque de se focaliser seulement au premier alors que le temps présent réclame davantage de notre créativité et de notre théologie.
Le niveau 1 est celui que nous travaillons couramment : comment les médiations humaines transmettent quelque chose de la révélation de Dieu. Le Congrès en a exploré de nombreuses facettes classiques : les rites, la liturgie, l’espace et l’architecture, les textes bibliques, mais aussi le silence, la beauté, l’art… et la question de nouveaux lieux et types de médiation n’a pas manqué d’être abordée. Mais précisément, ce niveau 1, encore faut-il que les contemporains s’y intéressent !
D’où la nécessité de travailler au niveau 2 : les médiations des médiations ! Quelles médiations secondes trouver pour intéresser les contemporains aux médiations chrétiennes, dans un temps où les approches ecclésiales ou même seulement teintées de christianisme sont désavouées? C’est l’enjeu actuel de la TP.
Le niveau 3 est encore plus fondamental : l’enjeu n’est pas tant le « comment » des médiations que le « pourquoi » ou plutôt le « pour quoi? » : pour quelle finalité les humains ont-ils besoin de médiations pour discerner les traces de Dieu? Beaucoup recherchent et affirment bien plutôt l’expérience immédiate et la capacité d’y accéder par soi-même. Mais dans ce cas, pourquoi faudrait-il des médiateurs?
Cette question est vitale et encore peu formulée. L’on y voit souvent une simple question d’orthodoxie ou d’orthopraxie. Bien plutôt, l’actualité montre que les médiations de la révélation de Dieu sont indispensables à l’être humain qui reconnaît ainsi qu’il n’est pas Dieu lui-même, qu’il ne maîtrise pas la révélation. Le potentiel fanatique peut être ainsi au service de l’interprétation.
Notre monde a sans doute besoin de telles ré-humanisations.
10e Congrès international
de la SITP
Ottawa, Canada
4 au 9 août 2016
Thème
Découvrir, vivre et annoncer l’Évangile dans un monde transformé par les nouveaux médias numériques
Le Web 2.0 et ses multiples possibilités de réseautage et d’interactions ont accéléré une culture du « tout branché », modifiant le rapport de l’humain au temps et à l’espace. Le Web est devenu un moyen de révolution sociale, de démocratisation de la diffusion des connaissances, de prises de parole publique presque sans frontière et de rencontres instantanées. Véritable révolution technologique, les différentes percées et innovations de l’ère numérique modifient en profondeur notre compréhension du monde, notre manière de l’habiter et d’y interagir. Ce contexte soulève plusieurs questions majeures pour vivre et annoncer l’Évangile.
Au plan local, comment cette révolution influence-t-elle les pratiques pastorales de proximité et les modalités du rassembler et du vivre ensemble? De nouvelles avenues intégrant les technologies de l’environnement numérique sont explorées ici et là. Plusieurs semblent porteuses d’intuitions fécondes autant pour entrer en relation avec les jeunes générations que pour proposer des expériences de foi au plus grand nombre.
Au plan plus large de l’édification de l’Église et des sociétés, comment inculturer le message de l’Évangile dans ce « nouveau monde » que nous découvrons en même temps qu’il se développe? Des postures originales deviennent incontournables : constante adaptation, ouverture, apprentissage de langages renouvelés et de modalités de socialisation adaptées.
Le congrès 2016 de la Société internationale de Théologie Pratique souhaite se consacrer à l’exploration, à la compréhension et à l’interprétation théologique des pratiques nouvelles prenant en compte l’environnement numérique tant dans les sphères profanes que religieuses. En variant les types de communication, le style privilégié sera celui du travail de concertation et de construction du discours théologique à partir des pratiques : conférences, ateliers de travail, tables rondes, forums de discussion. Cette proposition conduit à structurer la démarche du congrès selon trois grands axes pour lesquels nous faisons appel à contributions.
1. Dans un questionnement pratique, on proposera des analyses fondées sur les évolutions actuelles des pratiques pastorales, sociales et spirituelles, dans leurs dimensions interpersonnelles, communautaires et missiologiques. Comment le Web est-il porteur de l’Évangile et de ses valeurs? Comment interpréter théologiquement les nouvelles pratiques de l’environnement numérique? Quels discours théologiques développer au cœur du foisonnement de prises de paroles sur le spirituel et le religieux?
2. D’un point de vue plus fondamental ou théorique, on présentera des analyses et des réflexions dans le champ de la théologie pratique sur ce qu’engendre ce nouvel environnement numérique. Cette approche renvoie à plusieurs problématiques qui touchent aux dimensions éthiques, relationnelles, identitaires et ecclésiologiques.
3. Au plan méthodologique, on s’interrogera sur les possibilités et les implications des nouvelles technologies pour les recherches en théologie pratique. Comment cette dernière sonde-t-elle ces réalités pour mieux les comprendre, réinterpréter les pratiques et les renouveler? Les nouvelles technologies influencent-elles les méthodes en théologie pratique? Des chercheurs les ont-ils utilisées? Qu’en ont- ils retenu? Que proposent-ils?
Tel que suggéré dans l’élaboration de la problématique, il est privilégié un style de congrès d’une facture différente des précédents en variant les types de communication. La matinée permettrait de couvrir les trois axes énoncés: pratique, théorique et méthodologique soit sous forme de conférences ou de tables rondes (environ 1 heure) pour ensuite ouvrir un dialogue avec l’assemblée par des « buzz » suivis de remontées qui donneraient éventuellement la parole aux présentatrices ou
présentateurs.
Les après-midi seraient consacrés à des ateliers de travail : une brève présentation sur l’un des axes (20-25 minutes) par une ou deux personnes sollicitant, par la suite, les participants-tes de contribuer à élargir la thématique par des apports diversifiés en vue de construire un discours de théologie pratique sur le sujet abordé.
Colloque International de Théologie Pratique
Congo
26 au 28 mai 2015
Thème
Dignité humaine dans une société en développement
Organisé par l’Université catholique du Congo (UCC) et l’Université protestante au Congo (UPC)
9e Congrès international
de la SITP
Drongen, Belgique
5 au 10 juin 2014
Thème
Autorité et pouvoir dans l’agir pastoral
Dès les origines, mais plus particulièrement depuis le 13e siècle, le recours à la maison, et en particulier à la philosophie, a constitué un autre point d’appui. Les formes d’organisation ecclésiale et l’articulation des autorités entre elles ont évolué au long de l’histoire en fonction de la relation entre les communautés ecclésiales et leur contexte sociopolitique, conduisant à des arbitrages difficiles entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel et à des conflits qui ont donné naissance aux diverses Église chrétiennes.
La pluralité des modèles qui en résulter est aujourd’hui interrogée au vu de l’effacement de la référence à la transcendance et de la privatisation du religieux dans les sociétés sécularisées; la crise des appartenances questionne également les Églises dans leur gestion de l’autorité et du pouvoir. Dans ce contexte de remise en cause, nous nous intéresserons tant aux fondements des autorités en matière de foi qu’à l’exercice de l’autorité. La démarche du Congrès est structurée selon trois grands questionnements :
Dans un questionnement plus fondamental, il s’agit de proposer des apports sur ce qui fait autorité. Cette question fondamentale renvoie à la problématique de l’autorité de la Parole et de la tradition, à l’articulation entre les différentes autorités, à ce qui fonde l’autorité de l’Église dans la société, à la question de la vérité et sa relation à l’authenticité, au rapport entre loi et conscience, entre charisme et institution…
– Dans un questionnement plus pratique, l’enjeu est de proposer des analyses fondées sur les évolutions actuelles dans la gestion de l’autorité dans l’agir pastoral (ecclésiologie des ministères, statut du droit canon et du droit civil, rapport hommes-femmes et ministres-fidèles, coresponsabilité et conseils, synodalité, remodelage du système paroissial), sur les difficultés ou les tensions actuellement rencontrées (abus d’autorité, nouvelles spiritualités, appartenances multiples et conflits de loyauté, déontologie et professionnalisation de l’agir pastoral, opinion publique, sensus fidei et consensus fidelium
…)
– Dans un questionnement plus méthodologique, nous ferons droit à la recherche en théologie pratique : autorité des sources

Autorité et pouvoir dans l’agir pastoral
Description :
Pouvoir et religion ont donné dans l’histoire des mélanges douteux et parfois douloureux. Il serait naïf de ne pas se confronter à cette relation ambivalente hier comme aujourd’hui. Plus subtilement, la crise de l’autorité et des autorités renforce l’urgence d’une réflexion approfondie et fondée dans des expériences concrètes. En christianisme, les formes d’organisation ecclésiale et l’articulation des autorités entre elles ont évolué au long de l’histoire, influencées aussi par les contextes sociopolitiques. La pluralité des modèles qui en résulte est aujourd’hui interrogée au vu de l’effacement de la référence à la transcendance et de la privatisation du religieux dans les sociétés sécularisées. La crise des appartenances questionne également les Églises dans leur gestion de l’autorité et du pouvoir.
Cet ouvrage collectif, écrit par des théologiens pour la plupart membres de la Société Internationale de Théologie Pratique, aborde l’autorité et le pouvoir dans l’agir pastoral selon un triple questionnement : d’abord méthodologique, sur la théologie pratique elle-même et ses propres critères de validation scientifique ; puis fondamental, sur ce qui fait autorité en christianisme, notamment la Bible, le droit canon, la liturgie, les ministères, etc. ; enfin pratique, par des études de cas dans les Églises protestantes, catholique et orthodoxe. Ce livre pourra éclairer la réflexion et les pratiques ecclésiales confrontées aujourd’hui à de multiples questionnements.
Les trois codirecteurs de cet ouvrage sont engagés dans le domaine de la théologie pratique en Belgique. Arnaud Join-Lambert est professeur à l’Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve. Axel Liégeois est professeur à la KU Leuven (Université catholique néerlandophone de Louvain) et conseiller éthique chez les Frères de la Charité à Gand. Catherine Chevalier est docteure en théologie et formatrice au Centre universitaire de théologie pratique de l’Université catholique de Louvain.
8e Congrès international
de la SITP
Beyrouth, Liban
4 au 9 mai 2012
Thème
“Vivre ensemble”
Au-delà de ces contributions riches et appréciées, un travail de théologie pratique de terrain a également été mis en place par la visite par petits groupes de différentes paroisses et le dialogue avec leurs responsables sur la base d’une grille d’analyse permettant de faire ressortir ce qui favorise le vivre ensemble. La mise en commun a pu rendre compte de la variété des approches non seulement entre catholicisme, orthodoxie et protestantisme, mais aussi à l’intérieur de ces catégories confessionnelles. Chaque matin, les temps de prière en commun selon différents rites ont aussi contribué à ne pas faire que réfléchir sur le vivre ensemble mais également de le vivre réellement et concrètement. Sans parler du fait qu’un tel congrès est une belle opportunité de socialiser, de partager entre théologiens pratiques de différents univers géographiques et confessionnels. Et bien sûr de découvrir quelques-unes des richesses d’un Liban attachant et impressionnant à de multiples égards, que ce soit au travers des visages, mais aussi des vieilles pierres comme à Byblos ou à Baalbeck par exemple.
Ce congrès a enfin été l’occasion de renouveler le conseil d’administration de la SITP. C’est Karlijn Demasure (Ottawa) qui a été élue présidente. Gabriel Monet (Collonges-sous-Salève) a été reconduit dans ses fonctions de secrétaire général. Dans le conseil, ils seront entourés de Simon-Pierre-Iyananio (Laval), Arnaud Join-Lambert (Louvain-la-Neuve), Wardé Maksour (Beyrouth), Joël Molinario (Paris) et Jean-Patrick Nkolo Fanga (Yaoundé). Une appréciation appuyée a été exprimée à Hans Strub, le président sortant, pour le travail magnifique et dévoué accompli depuis de longues années dans les différentes fonctions qu’il a eues au sein de la SITP. Ont également été remerciés Pierrette Daviau et Jean-Guy Nadeau pour leurs contributions appréciées dans le Conseil sortant.
L’assemblée générale de la SITP a suivi la proposition du Conseil sortant consistant à avoir dorénavant un congrès tous les deux ans. Conformément aux statuts de la SITP, le mandat du Conseil nouvellement nommé sera donc également d’une durée de deux ans. Il a été décidé que le prochain congrès serait organisé dans la région de Bruxelles, en juin 2014. Le thème retenu devrait être « Pouvoir, figures d’autorité et leadership ecclésial ». Nous nous réjouissons de ce que prépare l’équipe motivée (issue des Universités catholiques de Louvain-la-Neuve et de Leuven ainsi que de l’Institut Lumen Vitae de Bruxelles) qui travaille d’ores et déjà sur ce prochain événement.
Colloque International de Théologie Pratique
Yaoundé, Cameroun
5 au 27 octobre 2011
Thème
les pratiques de réconciliation
Organisé par la SITP et par l’Université catholique du Congo (UCC) et l’Université protestante au Congo (UPC)
Ce colloque a été organisé notamment afin d’intensifier la collaboration et la relation avec les collègues Africains. En collaboration avec l’UPAC (Université Protestante d’Afrique Centrale) et l’UCAC (Université Catholique d’Afrique Centrale), ce colloque a rassemblé de nombreux théologiens (venus de neuf pays d’Afrique francophone) autour d’un sujet manifestement porteur. Près de 150 participants étaient présents le premier jour à l’UPAC et plus de 200 le deuxième jour à l’UCAC, et c’est dans une ambiance très cordiale mais néanmoins studieuse qu’on été présentées 11 conférences auxquelles se sont ajoutées des ateliers et une table ronde. Une déclaration finale a été adoptée à l’unanimité des participants qui ont donc non seulement réfléchi aux enjeux liés aux pratiques de réconciliation mais aussi désiré s’engager dans un chemin de réconciliation à un triple niveau (personnellement, au niveau de l’enseignement et ecclésialement). Vous pouvez lire cette déclaration en cliquant ici, ou en lisant ci-dessous… où vous trouverez également les sujets des conférences, ainsi que quelques photos. Un grand merci à tous ceux qui ont rendu possible ce colloque et y ont apporté leur contribution ou leur présence.